Germanika

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Résistance: autres cas

 

Les actes de résistance d'Allemands sous le nazisme sont peu connus.

Si ils sont peu nombreux, ils ont pourtant existé. Mais tous ont été durement réprimés.

 

Des femmes dans la rue

 

En mars 1943, les maris juifs de femmes "aryennes", qui avaient été jusqu'alors épargnés par les persécutions, sont victimes d'une razzia. Le lour même, des milliers de femmes se rassemblent devant la prison où étaient emprisonnés leurs maris, et protestent pendant des heures, jusqu'à ce que les SS, qui n'osent pas tirer avec leurs mitrailleuses sur la foule de femmes, libèrent les prisonniers. Ces épouses dévouées ont fait preuve d'un grand courage, et aussi ont pu bénéficier des circonstances: le Reich venait d'essuyer la grave défaite de Stalingrad, les dirigeants nazis ne pouvaient donc se permettre de retourner la population contre-eux en faisant fusiller des femmes.

 

Ludwig Beck


A partir de 1938, le général d'armée Ludwig Beck et Carl Friedrich Goerdeler constituent la charnière des groupes de résistants militaires et civils. Tous deux occupaient déjà avant le régime nazi de hautes fonctions, Ludwig Beck dans la Reichswehr et Carl Friedrich Goerdeler dans l'administration.

Au départ ils sont en faveur du régime nazi. Mais ils s'en détournent et s'efforcent de contrecarrer grâce à leurs fonctions les mesures prises par le régime hitlérien. Ils forment tous deux le noyau de l'un des groupes ayant participé à la conspiration du 20 juillet 1944. 
 
Ludwig Beck tente d'influencer Hitler et les généraux afin d'éviter la guerre qui, et les généraux le savaient à partir de 1937, était l'objectif proclamé de Hitler pour conquérir de l'"espace vital" au peuple allemand. Il appelle même tous les généraux allemands à menacer Hitler de démissionner s'il ne retirait pas ses plans de guerre,

Mais le chef suprême des forces armées, von Brauchitsch, dont la décision était essentielle pour le reste des généraux, refuse de laisser libre cour à cette désobéissance collective. Ludwig Beck démissionne alors le 18 août 1938 de son poste de chef de l'état-major de l'armée de terre pour poursuivre sa lutte contre la dictature à l'extérieur de l'appareil militaire. Il est finalement complètement mis au pas par Hitler, qui limoge en 1938 tous les généraux refusant la perspective de combat.

Le régime continue à procéder au réarmement massif de l'armée. Ludwig Beck entre alors définitivement dans la Résistance allemande et il était prévu qu'il devienne chef d'État après l'élimination du dictateur.

Le soir du 20 juillet 1944, après l'échec du putsch, il est contraint de se suicider; Il se rate et, grièvement blessé, il est finalement abattu par un adjudant.


 

Carl Friedrich Goerdeler


 

Carl Friedrich Goerdeler est maire de la ville de Leipzig, et convaincu depuis toujours que le régime nazi allait conduire l'Allemagne vers une catastrophe économique, politique et surtout morale.

Il décide en 1937 de démissionner de ses fonctions et de regrouper des amis qui partagent ses convictions, afin d'organiser la chute du régime hitlérien. Il trouve un poste dans l'entreprise de Robert Bosch, dont il avait fait la connaissance auparavant, et qui participe à des actions d'assistance à des hommes et des femmes persécutés par la dictature. Son emploi de conseiller chez Bosch est une couverture idéale pour ses activités, car il lui permet de voyager dans quasiment en Europe, ainsi qu'aux États-Unis et au Canada, où il tente d'avertir les gouvernements étrangers, du danger de guerre que représentait le régime nazi, et pour les convaincre de l'existence d'une "autre Allemagne". L'opinion internationale avait avant la guerre encore tendance à voir en Hitler une chance pour l'Allemagne, et on l'admirait partiellement pour sa victoire impressionnante contre le chômage, ce qui est l'une des raisons de l'échec des nombreuses tentatives des résistants allemands de trouver du soutien à l'étranger. 
A partir de 1938, Carl Friedrich Goerdeler devient le centre de la résistance civile. Après un putsch, il devait prendre la fonction de chancelier du Reich. Parallèlement à sa critique du régime totalitaire nazi, il développe des projets pour la nouvelle Allemagne post-hitlérienne. Ses idées concernant le nouvel ordre politique de la société allemande s'approchent des conceptions du cercle de Kreisau constitué autour de Helmuth James Graf von Moltke ; Goerdeler envisage une société consensuelle, reposant sur le partenariat, avec des instances de médiation autonomes. D'autre part, il était pour une Allemagne forte en Europe, mais dans une vision très humaniste, c'est-à-dire en tant que facteur de stabilité. 
La Gestapo recherchait déjà Carl Friedrich Goerdeler avant le 20 juillet 1944. Il parvient à se cacher après l'échec du coup d'état, mais il finit par être dénoncé et arrêté. Il est condamné à mort le 8 septembre 1944, et exécuté le 2 février 1945. 

 



26/03/2006
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